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Réduire l’impact des phytos, objectif nu Réduire l’impact des phytos, objectif numéro un

Le retrait des molécules continue. La recherche d’alternatives et des moyens de diminuer l’exposition suit le mouvement.

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L’année dernière à la même époque, néonicotinoïdes et glyphosate étaient sur la sellette. C’est cependant par l’éviction du diméthoate, insecticide utilisé notamment en productions fruitières, que 2016 a commencé. En 2011, le diméthoate faisait partie d’une liste, établie par l’Anses (1), de phytos dont les résidus étaient à surveiller. En février dernier, ç’en était fini pour lui, car le risque de dépassement de sa limite maximale de résidus, dans les cerises notamment, était trop élevé. Cela a occasionné une levée de boucliers côté syndicats agricoles, et l’obtention, en avril, d’une clause de sauvegarde interdisant l’importation en France de cerises en provenance de pays où le diméthoate était autorisé. Une première en termes de protection contre les distorsions de concurrence.

Le glyphosate en sursis

Autre première, la réapprobation – temporaire – du glyphosate. Elle n’avait jamais, depuis quatre décennies que le produit est sur le marché, suscité telle controverse. Déstabilisés par une science à plusieurs voix, et pris au piège d’enjeux politiques en leur sein, les États membres de l’Union européenne n’ont pas pris la responsabilité de trancher sur le sort du glyphosate. C’est la Commission européenne qui a dû le faire en urgence, le 24 juin dernier, juste avant que son autorisation n’expire. Ainsi, dans l’attente d’une évaluation scientifique supplémentaire, chapeautée par l’Agence européenne des produits chimiques (Echa), la Commission a décidé d’étendre son autorisation pour dix-huit mois. L’expertise de l’Echa, assortie de la décision de la Commission, est attendue pour la fin 2017.

Les ingrédients des phytos passés au crible

Si le glyphosate a réchappé à l’interdiction, il a quand même écopé de restrictions d’usages : en Europe, son utilisation dans les jardins et parcs publics et son association avec de la tallowamine, coformulant, sont désormais interdites. En France, compte tenu « des risques inacceptables, notamment pour la santé humaine », l’Anses a retiré 132 produits composés de glyphosate et tallowamine. Avis aux détenteurs de stocks : chez les professionnels, ils doivent être épuisés avant le 31 décembre 2017.

La prise en compte des coformulants dans l’évaluation des risques liés aux phytos est une nouvelle préoccupation. Des études en cours au sein des autorités européenne et nationale pourraient aboutir à la publication d’une liste de coformulants « ne pouvant pas entrer dans la composition des produits phytopharmaceutiques ».

« Néonics » bannis en 2020

Pour les insecticides de la famille des néonicotinoïdes, le glas a déjà sonné, lors de l’adoption de la loi « biodiversité » le 21 juillet 2016. Ils ne pourront être utilisés que de manière dérogatoire à partir du 1er septembre 2018, et seront définitivement bannis au 1er juillet 2020. Les dérogations seront délivrées par l’Anses seulement si, en prenant en compte leur impact sur l’environnement, la santé publique et l’activité agricole, le rapport bénéfice-risque des néonicotinoïdes est plus avantageux que celui d’un produit ou d’une méthode alternatifs. À la suite de cette interdiction, les regards se tournent à la fois vers la recherche d’alternatives, « impérieuse nécessité » pour la FNSEA… et sur l’attribution des dérogations, pour France Nature Environnement. De celle-ci dépendra l’efficacité de la mesure pour la préservation des abeilles. Le recensement de ces alternatives aux « néonics » est en cours au sein de l’Anses, et devrait paraître fin 2017.

Un arrêté phyto semblable à celui de 2006

En parallèle du retrait de substances à toxicité inappropriée, l’encadrement des conditions d’utilisation des phytos a changé en 2016, et devrait bientôt être mis à jour. À l’échelle départementale, les préfets ont désormais la possibilité de fixer les dates et horaires des traitements, de faire installer des haies anti-dérive, et d’imposer des distances minimales à respecter afin de préserver les établissements accueillant des personnes vulnérables au risque d’exposition aux phytos (hôpitaux, écoles…). Au niveau national, l’arrêté « phyto » du 12 septembre 2006, qui régit notamment les zones non traitées et la vitesse du vent pour traiter, sera abrogé début janvier 2017. Dans sa nouvelle mouture, la mise en place de bandes tampons en bordure des forêts, bosquets, fossés ou autour des habitations et jardins, un temps envisagée, a été abandonnée… ou remise à plus tard. N’ayant que six mois pour réécrire le texte, le ministère de l’Agriculture a en effet laissé un groupe de travail discuter de ces aspects non consensuels.

(1) Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.

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